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Le cadeau de Louis

Le matin, avant d'aller au bureau, il m'arrive de m'arrêter dans la gare toute proche pour prendre un café, un croissant.

Ce matin-là, lorsque je me mis à table avec mon café et mon croissant, j'eus une apparition. Deux trois tables plus loin, juste dans mon champ de vision, je découvris celui dont j'ignorais encore qu'il s'appelait Louis. Louis était d'une beauté époustouflante. En tentant de boire mon café trop chaud, je ne pouvais m'empêcher de le fixer, de l'admirer sans interruption. Je n'avais alors aucune idée derrière la tête, aucune intention particulière. Nous étions dans le snack d'un hall de gare à l'heure de pointe, tous deux sans doute en partance vers notre travail, il était plus jeune que moi et tellement plus beau. Je ne voyais pas trop ce que je pouvais fonder comme espoir. Mais je n'y pensais même pas. C'était l'histoire d'un instant, très rapide, ne laissant aucun temps à la réflexion. Mais l'évidence était que je ne pouvais cesser de le regarder. Bien que ce ne fut plus vraiment la grande mode, Louis portait les chevaux assez longs. Une chevelure brune, soyeuse, douce d'apparence, très propre, très soignée, admirablement coiffée (plus tard j'appris que bien que Louis travaillât dans une banque, il aurait voulu être coiffeur ; ses parents l'en avaient empêché, mais chaque fois qu'il le pouvait, il travaillait dans un salon). Il était assis à une table haute et je ne voyais pas toute sa silhouette, mais il apparaissait grand et mince. Je sus effectivement plus tard qu'il faisait 1m82 pour 72 kilos. Il était très élégant. Des vêtements choisis, originaux, cintrés, parfaitement assortis. Je constatai plus tard qu'il allait de temps à autre jusqu'à de petites fantaisies dans son style qui pouvait laisser penser à son homosexualité. Mais au moment de boire mon café, j'étais bien incapable d'analyser tout cela. J'étais juste subjugué par sa beauté. Il conversait au téléphone tout en buvant son café. Je vis bien une ou deux fois son regard croiser le mien, mais je n'eus nullement l'impression qu'il se rendait compte à quel point je le fixais. En tout cas, s'il s'en rendait compte, il ne le laissait pas paraître, ne s'en montrait ni heureux, ni contrarié.

Puis il mit fin à sa communication téléphonique, termina son café et se leva pour partir. Il passa non loin de ma table sans me regarder. Je me disais que mon apparition était terminée. Il sortit du snack et je le vis prendre la direction du couloir du fond. Puis ce fut le coup de théâtre ! En s'avançant, un peu avant de disparaître derrière un angle, Louis se retourna, deux fois de suite en regardant très clairement vers moi. Un regard qui, en l'espace d'une seconde, me disait : " j'ai bien vu que tu me regardais fixement, cela ne me dérange pas, au contraire, tu pourrais m'intéresser aussi, tu me suis ? ". Stupidement, au lieu de me précipiter vers lui, je me dépêchai de terminer mon croissant et tentai aussi de finir mon café, toujours trop chaud. Après deux ou trois gorgées, je me décidai enfin à abandonner ce café pour suivre ce magnifique jeune homme dont le regard m'appelait. Ce qu'on peut être idiot parfois : j'étais en train de vivre un moment exceptionnel, comme on a peu souvent l'occasion d'en vivre, un moment qui aurait pu faire basculer toute ma vie et je me tracassais de terminer un croissant et vider une tasse de café trop chaud...

Je poursuivis donc Louis en pressant le pas, mais sans trop me faire remarquer. Je le vis presque au bout du couloir, pressant aussi le pas. Mais je le vis deux fois encore se retourner. Il surveillait bel et bien ma présence derrière lui. Et je fus heureux de constater qu'il savait que je l'avais suivi. Cependant, il ne m'attendait pas. Il était sorti du bâtiment, non loin de l'endroit de la navette qui dessert l'aéroport du Sud. Je me dis qu'il avait un avion à prendre, que sa présence sur les lieux était exceptionnelle, que jamais je ne le reverrai. Je continuai néanmoins jusqu'au bout du couloir et là je le vis effectivement monter dans un bus. Les vitres du bus étaient foncées, masquées de reflets. Je ne voyais rien à l'intérieur. Juste avant le démarrage néanmoins, je reconnus contre une vitre la manche de son veston et je vis un signe de la main. Un signe bizarre avec la main grand ouverte et immobile. Il voulait sans doute me faire comprendre qu'il serait de retour au même endroit à 5 heures (17 heures). Je ne pouvais être là le même jour à 17 heures. Mais le lendemain matin, je scrutai toute la gare des yeux pour tenter de le retrouver peut-être. Mon rêve ne devint réalité que deux jours plus tard. Je le retrouvai dans le couloir où je l'avais perdu, couloir qui est aussi une galerie commerçante. Tous deux nous firent mine de traîner devant les vitrines, hésitants. Ce fut moi qui pris enfin l'initiative de lui dire bonjour. Il me répondit immédiatement, gentiment et sans le moindre étonnement, prouvant de la sorte qu'il n'attendait que cela. Ne sachant trop que dire ainsi d'emblée, et n'ayant trop de temps avant d'aller travailler, je lui demandai s'il lui était aisé de correspondre par mail. Il répondit que oui. Je lui glissai alors un petit papier sur lequel était notée mon adresse mail et que j'avais préparé dans cette idée.

Nous entamâmes ainsi une correspondance par mail plus ou moins assidue. Nous fîmes connaissance. Nous nous retrouvions de temps en temps pour prendre un café le matin. Quand c'était possible, je me déplaçais à midi jusqu'à près de son bureau pour déjeuner en sa compagnie. Comme lors du premier regard dans le snack de la gare, j'en étais dingue. Il m'impressionnait, me subjuguait. Très très fort, je l'aimais. Il peuplait l'essentiel de mes pensées. Et bien sûr, intensément, je le désirais. J'imaginais ce corps dont je n'avais encore rien vu, rien que ses magnifiques mains, son visage attendrissant et tellement beau. Le reste était vêtu à chacune de nos rencontres. Nous ne nous touchions guère. Une furtive caresse des mains. De petits bisous pour se dire bonjour et au revoir, qui de temps en temps s'égaraient à peine sur le coin des lèvres... Dans nos mails, nos tchats, nous nous faisions des confidences, échangions nos fantasmes, faisions monter la température. Le ton se faisait parfois chaud, nous nous demandions mutuellement si notre conversation nous faisait bander, ce qui était souvent le cas.

Je n'étais pas libre et peu disponible. Louis vivait une relation un peu difficile avec un ami, qui l'aimait sans doute sincèrement, mais qui cachait leur amour, par peur des éclaboussures sur son statut social... Nous nous désirions très fort mais ne faisions pas le pas, pour ne pas mettre en danger notre vie, pour ne pas nous aimer plus fort encore et nous déchirer ensuite. Au fil du temps, je désespérais un peu, me disant que jamais nous ne nous déciderions, que notre relation allait mourir à petit feu, faute de consommation. Cette privation plus ou moins choisie pour des motifs rationnels ne faisait sans doute qu'activer notre passion, que faire mousser plus encore notre désir. Si nous nous étions donnés l'un à l'autre dès le premier jour, sans nous poser de questions, peut-être nous serions-nous lassés l'un de l'autre, ou du moins repus. Peut-être nous serions-nous épargnés bien des frustrations. Peut-être notre histoire aurait-elle été toute autre. Plus simple. Mais peut-être pas.

Et puis un jour, Louis me fit une surprise. Une surprise à deux facettes. Une bonne et une mauvaise. La mauvaise, c'est qu'il quittait le siège central où il travaillait. Il était muté dans sa province, plus près de son domicile. Je risquais donc de le voir beaucoup moins, voire quasi jamais.

Mais la bonne, c'est que Louis avait décidé une fois pour toutes de ne pas laisser mourir notre relation de la sorte. Il me contacta un matin, me demandant si j'étais libre à midi, si je pouvais un peu prolonger ma pause. Heureusement, c'était possible. Il me donna rendez-vous à une station de métro sans rien m'expliquer. J'espérais bien sûr une bonne surprise, sensuelle, mais la froideur de son ton me disait que je ne devais pas trop me réjouir, que peut-être il s'agissait de tout autre chose. Je tentais de rester calme, mais sans y parvenir. Mon avant-midi au bureau fut peu efficace, peuplé de multiples fantasmes, parsemé de plusieurs érections, tiraillé entre le désir et l'hésitation.

A 12 h, je me mis en route. Comme convenu, il m'attendait à la sortie du métro. D'un geste, sans vraiment me dire bonjour, il m'invita à lui emboîter le pas. Je le trouvai encore froid. Tout en marchant, il m'expliqua donc qu'il allait être muté, que nous risquions de ne plus nous voir. La froideur de son ton me paralysait. Il y avait de nombreux blancs dans la conversation. Je ne pouvais rien lui reprocher. Il ne m'avait jamais rien promis. Je n'avais pas été très disponible pour l'encourager à m'offrir davantage.

Nous avons ainsi marché quelques minutes. Cinq maximum. La conversation fut peu soutenue. Peu chaleureuse. Je le suivais sans savoir où nous allions. Je sentais la tristesse m'envahir. Puis il marqua un arrêt et me dit " C'est ici... ". Je ne compris pas tout de suite. Je le regardai, interloqué. Puis, montrant une façade, il répéta " C'est ici... ". " On vient ici. Tu ne veux pas ? ". Je regardai la porte qu'il m'indiquait et compris que c'était l'entrée d'un petit hôtel discret qui loue des chambres pour deux heures... Interloqué, heureux, surpris, je mis stupidement encore quelques secondes à répondre. Je vis son regard changer, apeuré. " Si, si, bien sûr... " ajoutai-je rapidement, sentant mon coeur s'emballer dans une terrible chamade, la chaleur me monter aux joues... Il monta les trois marches, me précédant et poussa la porte d'un air décidé que je ne lui connaissais pas. Je le suivais, excité, apeuré un peu, comme un puceau qui plonge dans sa première expérience. Je me sentis presque défaillir, touché d'une légère chute de tension, tant la surprise mêlée au désir me perturbait. Quand il demanda une chambre avec douche en tendant un billet, je perçus dans sa voix un léger tremblement, qui me fit comprendre qu'il n'était pas aussi sûr de lui que ce qu'il tentait de montrer, que l'émotion l'envahissait aussi. On nous aiguilla vers la chambre 6 au deuxième étage. Louis me précéda dans l'escalier. Je le suivais de près, deux ou trois marches plus bas. Il portait un blouson court. Mes yeux étaient à hauteur de son petit postérieur que j'avais si souvent imaginé. Je ne pouvais en dégager le regard. Son petit balancement, bien moulé dans un jeans assez neuf, faisait monter mon excitation à son comble. Je dus me forcer pour me retenir de le toucher, m'empêcher d'en approcher la bouche pour le baiser. L'escalade me parut interminable. Mon souffle devenait court. Au deuxième étage, Louis regarda le numéro des portes, poussa la porte six, me fit passer devant lui. Je pénétrai dans la chambre sans trop m'avancer. Il repoussa la porte et la verrouilla soigneusement, se retourna et me sourit. Ce magnifique sourire qui si souvent m'avait fait fondre. Je restais pétrifié, collé au mur, sachant ce qui allait se passer, mais incapable de prendre une initiative, repoussant encore un peu ce grand départ, jouissant encore un peu de l'intensité du désir imminent.

Louis retira son blouson, d'un air qu'il voulait nonchalant, mais qui trahissait cependant son émoi. Il le déposa avec un peu trop d'attention sur le dossier d'un petit canapé posé au milieu de la chambre. Celle-ci était vaste. Très propre, mais très kitsch. Deux hautes fenêtres donnant sur la rue étaient garnies de voiles épais et bordées de lourdes tentures de velours. Le sol en parquet était jonché de plusieurs tapis et carpettes. Une cheminée surmontée d'un haut miroir, sur le mur de gauche, faisait face au grand lit garni de baldaquins, retenus par de lourds cordages. Un petit canapé Empire trônait au milieu, devant une petite table ou traînait la carte des boissons, pour celles et ceux qui souhaitent allier amour et champagne. Une musique douce envahissait la pièce, baignée d'une lumière tamisée, venant du lustre pendu au haut plafond, garni de moulures de plâtre, et de petites appliques de part et d'autre du lit. Le lit était tendu d'un seul drap blanc immaculé, sans couette ni couverture, et garni de deux gros oreillers tout aussi blancs. Sur les tables de nuit, des bonbons acidulés et à la menthe voisinaient les préservatifs offerts par la maison. À droite du lit, un lavabo et un bidet roses, puis une cabine douche posée dans le coin, jurant un peu avec le reste du décor.

Louis s'assit sur le canapé et posa son regard sur moi. Je ne pouvais que suivre, déposer mon veston sur le dossier aussi, et m'assoir à ses côtés, ne sachant que dire ni trop comment me comporter. Il me regarda, souriant encore, silencieux puis posa une main caressante sur ma cuisse. Je posai ma main sur la sienne. Un geste si simple, mais dont le contact cutané électrisa tout mon corps. Très ému, je fis tourner mon corps et me couchai, posant ma tête sur les genoux de Louis, étendant mes jambes sur le reste du canapé, je pris sa main et la couvris de baisers, puis je me serrai contre lui, enfouissant mon visage contre son ventre plat, par-dessus sa chemise, au bord des larmes, tellement touché de cette attention, de cette surprise, de ce cadeau qu'il me faisait et que bientôt nous allions ensemble soigneusement déballer.

Je retirai mon visage, regardai vers le haut, fixant Louis, les yeux dans les yeux. Se baissant un peu, il tira un peu sur ma tête. Nos lèvres se rejoignirent et nous nous étreignîmes alors d'un seul coup, follement, mélangeant nos langues dans notre premier réel baiser fougueux ! La position que j'avais prise n'était plus très confortable, mais le désir fou de faire durer cet indescriptible baiser était si fort que nous n'en avions cure... Notre respiration saccadée surgissait bruyamment de nos lèvres collées, nos langues nous semblaient trop courtes pour nous unir autant que nous l'aurions voulu, nos mains parcouraient nos corps, mais sans encore les dénuder et sans s'aventurer déjà vers les zones extraordinaires de nos inévitables érections.

Après quelques minutes de cette fougueuse étreinte, une pause fut nécessaire. Louis en profita pour se redresser, s'extirpant du canapé et me tirant pour me placer debout, face à lui. Il tournait ainsi le dos au canapé et au miroir. Dans le miroir, je voyais son dos, sa carrure fine, mais bien dessinée, délicatement enveloppée dans sa chemise beige, douce et seyante. Sa douce chevelure, toujours si bien soignée, était ébouriffée par mes mains qui venaient de s'y perdre, dans la folie de notre étreinte.

Me tenant les mains, il me fixa dans les yeux. Quand je vis qu'il approchait à nouveau sa bouche de la mienne, je baissai les paupières, pour mieux savourer le moment qui allait suivre. Tout doucement cette fois, il posa à nouveau ses lèvres sur les miennes, des lèvres charnues, humides, d'une chaleur qui fit frémir tout mon corps et fit s'échapper le premier d'une longue série de petits gémissements.

Je rouvris les yeux pour rejoindre son regard, alors qu'il commençait à déboutonner ma chemise. Après le quatrième bouton, il écarta un peu le tissu, découvrant mes seins, et il se pencha pour poser un baiser sur chacun d'entre eux. Puis il termina de déboutonner, tira la chemise du pantalon, la fit glisser sur mes épaules. Les poignets boutonnés stoppèrent sa chute. Appliqué, il défit chacun d'eux et dénuda totalement mon torse. Il posa quelques baisers dans mon cou, sur mes épaules, me caressant, me triturant très très délicatement les mamelons, passant son doigt le long de ma ceinture sans la dépasser. Puis il colla son bas ventre au mien et m'embrassa à nouveau, violemment, mais brièvement. Il me poussa pour me faire assoir sur le lit et s'accroupit pour retirer mes chaussures et mes chaussettes. Il me caressa les chevilles, posa quelques baisers sur le haut de mes pieds puis me regarda en souriant. Tirant sur mes mains, il me remit debout, me bisa encore un peu le torse puis détacha ma ceinture et dégrafa mon pantalon, me caressant tout aussitôt le nombril. Il descendit doucement mon pantalon, veillant à ne pas emporter dans sa course mon boxer blanc et vert plutôt moulant et bien évidemment déformé par une intense érection, il me repoussa pour me faire assoir à nouveau et me débarrasser totalement de mon pantalon qu'il posa délicatement sur le canapé et y joignit ma chemise, qui était restée par terre, mais pour laquelle il semblait veiller à ce qu'elle ne soit pas froissée. Tournant ensuite autour du lit, il m'y coucha complètement et me retira vers l'oreiller comme si j'étais vieux ou malade. Je me laissais faire, trop heureux de me soumettre à ses bons soins. Je restai couché, vêtu de mon seul boxer, très excité, mais avec la volonté de faire durer les choses. Volonté que Louis partageait assurément. Très lentement, calmement, naturellement, Louis se dévêtit sous mon regard admiratif. En laissant tomber sa chemise, il laissa apparaitre un torse mince, bien dessiné, légèrement hâlé par nature avec quelques poils soyeux entre les seins et une ligne très légèrement ombragée sous le nombril. Une fois ses chaussures et ses chaussettes retirées, j'admirai ses pieds, longs, fins, bien veinés, à l'image de ses belles mains que j'avais si souvent admirées. En détachant sa ceinture et sa braguette, il me fit un grand sourire, devinant l'émoi que ce geste était capable de faire naitre chez moi. Avec raison, car le regardant ainsi faire, instinctivement, je portai une main à mon entrejambe, pour caresser légèrement mon sexe tendu dans le boxer. Son pantalon tomba, découvrant des cuisses excitantes à souhait, des mollets velus, juste assez musclés et un large slip soyeux, bleu électrique, emballant bien les fesses et le bas de la colonne et mettant superbement en valeur la bosse bien durcie du fameux membre viril. Je ne fus pas étonné de le voir stopper à ce moment son déshabillage. Il se coucha sur le lit, se mit sur le côté, appuyé sur un coude, me regarda dans les yeux et me dit " nous y voici enfin... " " Tu es adorable " lui répondis-je, un peu gêné de ce langage romantique qui était cependant tout à fait spontané. Je m'approchai de lui pour serrer mon corps contre le sien et lover ma tête dans ses épaules.

C'était parti ! D'un seul coup la douceur s'est transformée en énorme fougue. Dans un mouvement identique, nos bras ont serré très fort nos torses respectifs, nos jambes se sont agrippées au corps de l'autre, enveloppant la croupe et le bas du dos, nos bouches se sont rejointes, nos langues engouffrées au plus profond. Nos sexes encore emballés et durs s'écrasaient l'un contre l'autre. Dans un mouvement instinctif et intense, nous ne voulions former qu'un. Tout ce qui pouvait nous séparer était de trop. Tout ce qui pouvait nous unir était merveilleux. Cette étreinte énorme dura jusqu'à la limite de l'essoufflement. Seul le besoin d'oxygène nous força à nous relâcher peu à peu.

Le moment était venu de nous dévoiler totalement, de découvrir et laisser découvrir ce membre intime qui perturbe tant la vie de l'homme, qui le fascine autant qu'il l'inquiète. J'avais bien sûr souvent imaginé le sexe de Louis, je l'avais déjà interrogé à son sujet, mais je ne l'avais jamais vu et mon désir de le découvrir restait très intense. Quand nos corps se séparèrent légèrement, il était évident que c'était le moment de nous déculotter mutuellement. Je pris l'initiative. Je repoussai légèrement Louis pour qu'il se couche sagement et repose sa tête sur l'oreiller. Je me relevai en m'appuyant sur un coude. Je penchai la tête vers le bas ventre de Louis. Je déposai un baiser sur le sexe de Louis, encore vêtu. Je le caressai encore. Puis je me mis à genoux pour pouvoir utiliser mes deux mains et je retirai doucement le slip de Louis, qui souleva un peu les fesses pour aider mon mouvement. Je fis descendre le slip le long des jambes et le fis passer par les beaux pieds de Louis avant de le jeter par terre. Et seulement alors je regardai son pénis. Bizarrement, je ne fus pas étonné. Il était exactement tel que je l'avais imaginé. Pas hors mesures, mais plus grand que le mien. Assez bronzé, plus foncé encore que l'ensemble de la peau de Louis, déjà mate. Presque métissé. Bien que pas surpris, je restai néanmoins subjugué, paralysé pour de longues secondes, les yeux rivés sur ce sexe, sans immédiatement le toucher. Le gland n'était que partiellement décalotté, naturellement, par la vigueur de l'érection. Après une minute environ d'admiration figée et muette, ma main droite se dirigea doucement vers ce gland, prenant le prépuce entre le pouce et l'index, je terminai doucement le mouvement de décalottage et dénudai totalement le gland, qui ressortit bien rouge et déjà humide.

Louis se releva alors et fit avec moi ce que je venais de faire avec lui, me forçant doucement à me recoucher sur le dos. Instinctivement, je mis mes mains derrière la tête pour laisser le champ libre à Louis et lui donner accès à tout mon corps. Il profita effectivement de cette voie ouverte et posa de petits baisers sur tout mon corps de haut en bas et de bas en haut, de la bouche au cou, vers le ventre et le nombril, en passant par les aisselles et les tétons ; et des orteils au haut des cuisses. Pendant un petit temps encore, il ne s'occupa que des zones dénudées, évitant soigneusement la partie toujours vêtue, puis il agrippa l'élastique de mon boxer entre ses dents et entreprit de le faire descendre. Il ne parvint pas à tout m'enlever de la sorte, mais dénuda ainsi déjà mon gland, dressé vers mon nombril, gonflé, mais toujours recouvert de son prépuce. Il y posa un baiser puis continua sa tâche à la main. Comme lui, je soulevai les fesses pour l'aider. Il jeta mon boxer sur le sol, caressa doucement mes bourses et mon sexe en le regardant avidement. Je lâchai un soupir. Mon pénis réagit, dans un mouvement spontané vers le haut, qui le fit sourire. Puis il se recoucha doucement à mes côtés.

Nous restâmes un moment ainsi, couchés face à face, les yeux dans les yeux, une main sur l'oreiller, l'autre sur le sexe de l'autre, avec des caresses mutuelles, du gland aux bourses et des bourses au gland, en s'aventurant de temps en temps vers le périnée, mais sans déjà oser explorer la zone anale. Cet aspect m'inquiétait un peu. Nous l'avions déjà abordé brièvement avec Louis dans nos échanges de mails. Il m'avait confié qu'il pouvait apprécier d'être sodomisé quand il était en confiance. Mais j'ignorais si j'étais digne de cette confiance. Et je me demandais si j'étais capable de le satisfaire, si mon sexe, plus petit que le sien, suffirait à son plaisir, si mon angoisse et mon excitation ne provoqueraient pas une éjaculation trop précoce et la déception de Louis. Je souhaitais en outre secrètement qu'il ne me demande pas de prendre le rôle du passif, que je n'avais encore jamais endossé alors, trop craintif quant à l'étroitesse de mon entrée anale... Mais si une certaine angoisse m'habitait ainsi, elle était plus que compensée par le plaisir que me donnaient les habiles caresses de Louis, par le bonheur de le sentir tout contre moi, par la reconnaissance de la surprise qu'il me faisait et par la joie de le sentir heureux d'être nu à mes côtés.

Après ce moment de calme, la fougue nous reprit et nos corps s'agitèrent sur le lit dans tous les sens et dans toutes les positions pendant de longues minutes ! Difficile de continuer à décrire en détail tout ce qui s'est passé. Nos mains, nos lèvres, nos langues n'ont pas chômé. Nos sexes ne se sont pas déraidis. Nos glands se sont mouillés. Petit à petit, les anus ne sont pas restés zone interdite. Ils ont accueilli avec joie les caresses de nos mains, la douceur de nos langues. Ils ont envoyé dans nos gorges des soupirs de plaisirs. Et quand des doigts ont osé s'y introduire, les soupirs se sont transformés en couinements aigus ou en légers râles. Ils n'en ont pas subi davantage cependant, levant ainsi mes peurs et mes angoisses. Mais la jouissance de nos corps tout entier tout au long de ces multiples caresses a été telle que nous n'avions pas nécessairement besoin de cet acte intrusif.

Après un temps, nos corps n'en pouvaient plus. Ruisselants de sueur, haletant et gémissant, nous sentions que le moment suprême devait arriver, que nos verges gonflées allaient devoir être soulagées. Même si cette issue est aussi une déception, celle de voir arriver la fin de ces incomparables caresses, elle est évidemment inéluctable. Nous nous laissâmes un instant retomber, couchés sur le dos sans plus nous toucher, nous forçant à reprendre un peu d'oxygène. Quelques secondes ? Minutes ? Je ne sais pas. Mais ensuite, d'un seul coup, nos bouches se rejoignirent, doucement, sensuellement, ne se touchant pas complètement pour nous permettre de mieux respirer, pour laisser échapper nos gémissements. Car dans le même temps, la main de Louis avait saisi mon sexe, la mienne avait agrippé le sien.

Le va-et-vient était lancé. Tout notre esprit était concentré sur cette partie de chair. La nôtre qui cherchait l'extrême jouissance. La sienne à qui nous voulions fournir un maximum de plaisir ! Le mouvement s'est accéléré. Nos respirations sont devenues bruyantes. Nos soupirs sont devenus des gémissements. Puis tout à coup, des cris se sont échappés de nos gorges, simultanément. Et simultanément, nos sexes giclaient leur semence sur notre corps, sur le sien, sur les draps. Nos corps tout entier étaient secoués de spasmes. Nous ne voyions plus rien, n'entendions plus rien, notre jouissance énorme nous occupait complètement. C'était énorme. Énorme. Nous avons rouvert les yeux. A ce moment, bien sûr, nous nous aimions, profondément, intensément, énormément.

Nous nous sommes reposés, d'abord un peu séparés, pour reprendre notre respiration et nos esprits. Puis nous nous sommes repris dans les bras l'un de l'autre pour profiter au maximum de ce bonheur intense et incomparable qu'est celui du moment qui suit l'orgasme. De tels moments devraient pouvoir durer longtemps, longtemps, toujours...

Mais la réalité est différente. Déjà le temps avait passé. Il était temps de passer à la douche, de se rhabiller, doucement, tranquillement, mais obligatoirement. Nous nous regardions encore. Nous admirions. Nos yeux ne brillaient plus de désir, mais d'amour et de reconnaissance. Nous nous touchions encore peu avant de tout revêtir, échangions encore de furtifs bisous. Quand nous fûmes prêts à partir, la main sur la poignée de la porte, je retins Louis une minute encore pour l'embrasser plus fougueusement. Une dernière fois. Les larmes perlèrent à mes yeux car je pris conscience que ce moment extraordinaire serait sans doute le seul et l'unique, qu'il ne se répéterait jamais. Je me contins, pour ne pas mettre Louis mal à l'aise. Je voulais profondément le remercier de ce moment et nullement lui reprocher quoi que ce soit. Mais mon émotion était à son comble. Je fus incapable de la cacher totalement. Louis la comprit, appuya ma tête contre son épaule, me caressant le cou. Je me repris, relevai la tête, je lui souris puis tournai courageusement la clef dans la serrure et ouvris la porte. C'était fini. Nous quittions cet antre où nous venions de partager un moment de bonheur duquel je savais que jamais je ne l'oublierais. Je le précédai dans l'escalier, encore peu sûr de ma démarche. Dans le couloir, le tenancier nous dit au revoir en nous remerciant. Je fus incapable de lui répondre. Louis se tut tout autant. Une fois la porte passée, l'aire me fit du bien, la lumière du jour me força à me reprendre totalement. Nous marchâmes dans la rue, en direction du métro, en silence. Qu'aurions-nous pu dire ? Ajouter ? L'instant était aussi heureux que dramatique. Je n'eus pas le courage de poursuivre plus longtemps cette torture. Quand nous passâmes devant un snack, je dis à Louis que je devais le laisser, que j'allais vite me prendre quelque chose à manger avant de retourner travailler. " Ok ", me dit-il, me tendant la joue pour un ultime et chaste bisou. " Tu as toujours mon adresse mail ". " Oui, bien sûr ", répondis-je et m'engouffrant dans le magasin. " A plus. "

Il n'y a pas eu de " plus ". Nous ne sommes jamais revus. Quelques petits mails de temps en temps. Très peu. Des anniversaires. Des petits coucous de vacances. De rares coups de fil au cours desquels la gentille voix, toujours juvénile, de Louis, réveille mes émotions. Mais le souvenir de ce moment que Louis m'a offert reste une pensée très intense. Et quand bien même il ne me l'aurait pas offert, quand bien même ce moment n'aurait été qu'un rêve, cela n'aurait rien changé. Je ne vois jamais Louis, mais j'aime toujours Louis, aussi fort que la première fois que je l'ai vu, en tentant de boire mon café trop chaud...

Martin Tche

Martin_Tche@outlook.be

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